Café Kenya (2/4) – Histoire


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Dès le début du 20ème siècle, on parla de la question de la petite production au Kenya (pas seulement là d’ailleurs).

Les historiens parlent d’âpres discussions…

Face caché d’un drame social

En 1897 l’administration britannique octroya aux Européens des concessions foncières dont la durée initiale était de 21 ans (20 ans + l’année en cours à la signature).

Ces concessions furent arrachées aux fermiers locaux sans explications ni dédommagement approprié et quand bien même eussent-ils eu lieu ils n’auraient jamais couvert le déficit économique futur qui s’ensuivit.

Non content de leur spoliation, les colons réagirent et obtinrent 3 ans plus tard (1902) une prolongation de leur concession à 99 ans !

Preuve du colonialisme agressif, dès 1915 on leur convertira ce titre à 999 ans .

Saisissez-vous l’écart impressionnant et démontré par des faits que l’industrie caféière moderne néglige d’avouer…?

Plus de lecture ? Pour 17.50 USD vous pouvez lire en anglais l’ouvrage R. van Zwanenberg with A. King, An Economic History of Kenya and Uganda, 1800-1970. Atlantic Highlands, Humanities Press, 1975, xxiv, 326 pp. ISBN / ISSN: 0021-9096 E-ISSN: 1568-5217

Les meilleures terres aux européens, les plus pauvres aux africains

Les dénommées White Highlands  ou les Hautes Terres agricoles seront squattées par près de 2’000 exploitants blancs tandis que les Africains sont tenus à l’écart dans des plus basses terres moins rentables.

Ironie café – l’Africain paie des taxes pour cultiver sa terre

Les colons introduisent dans leurs colonies les Hut Taxes dès 1901 et incitent via les Resident Labourers Ordonance (1918) les Africains à venir cultiver les terres des colons.

Pour éviter tout mouvement de contestation, l’argumentaire « massue » des blancs est de préserver la terre africaine :

  • d’une érosion accélérée des terres
  • éviter des risques de propagation de maladies (phytosanitaires)
  • incapacité de la paysannerie locale à s’adapter à l’agriculture marchande
  • risque d’exposer la population africaine aux fluctuations du marché international !!!! (sic)

En réalité les colonies visent à assurer la promotion de la prédominance blanche par la vertu et la structuration de la démarche commerciale (cash crops en anglais) et l’ordre agricole en bâtissant une soi-disant classe « type » de paysans locaux (selon la mode anglaise : bien éduqués).

Pour bien assommer de leur pouvoir d’achat, les blancs finissent par introduire des licences d’exploitation de 15 roupies (=2.80 CHF de l’époque). Pendant la crise des années 30, ce prix sera multiplié par 10 et finalement la culture du café sera interdite aux kenyans et réservée aux blancs.

Les rares endroits où des exceptions seront accordées se trouvent d’après les archives dans les districts d’Embu et de Meru (sud et nord-est du mont Kenya) et au bord du Lac Victoria (Kisii).

La petite paysannerie africaine sera ainsi plongée dans une situation critique au sortir des années 1948-1950…

Limite des terres exploitables, croissance démographique,…. la suite au prochain article.

 

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